Le texte est inspiré d'une rencontre fréquente dans le métro parisien à la station Réaumur Sébastopol. Enfin, plutôt que de décrire une rencontre, le texte décrit le malaise ressenti en face d'un marginal qui fait la manche. D'abord on tend à fuir le contact sous prétexte que le vieux monsieur à la barbe blanche est un parmi tant d'autres qui ont sans doute mérité leur destin. Puis, l'indifférence laisse doucement sa place à la compassion, à la recherche de compréhension. On imagine le passé qui l'a amené là puis c'est un début de sentiment de culpabilité de ne rien faire et enfin le regret de n'avoir rien fait une fois qu'il est trop tard.
Au départ, l'arrangement était sobre et retenu sur base d'arpèges de guitare, et puis finalement Monmix a opté pour y mettre une bonne dose de violence dans une atmosphère de métro parisien. Au final, c'est un mélange rock, pop et variété.
Il était là, tôt le matin,
Au pied de l’escalier du souterrain
Un parmi tant d’autres dont le destin
Est d’attendre une pièce, un regard, une main
Juste le temps de passer mon chemin,
Juste le temps d’aller plus loin
Prendre le train...et puis plus rien,
Enfouir le malaise dans mon quotidien,
Etre mal à l’aise ne sert à rien
Chacun est maître de son destin,
Qu’on façonne de son talent et de ses mains
On ne peut pas changer le monde,
Faire de la place pour tout le monde
Dans la ronde......vagabonde
Mais lui n’a pas de guitare, pas de chien,
Au pied de l’escalier du souterrain
Barbe blanche, digne il se tient,
Debout juste une pancarte à la main
A Réaumur Sébastopol, dans tous les trous des métropoles
Il y a des vies qui se désolent, même sans vapeurs d’alcool
A Réaumur Sébastopol, qu’il s’appelle Pierre ou Paul
La rime est facile, la rime est riche,
Mais pas sa vie, pas lui, tout le monde s’en fiche,
Et sa vie s’enfuit...et la mienne aussi
Parfois, certaines discutent un petit moment,
De ses enfants ou simplement du temps
De quoi elles parlent, en fait, je n’en sais rien,
Mais je sais que le « elles » n’est jamais masculin
Je me demande bien quel est son prénom,
Vu son âge, je pencherai pour Raymond
Raymond...Raymond
Je le lui demanderai demain,
Au pied de l’escalier du souterrain
Quelques pièces préparées dans la main,
Quelques secondes pour quelques mots anodins
Demain est arrivé, et je n’ai rien fait,
Je suis passé sans m’arrêter
Pas osé...J'ai pas osé
Je m’arrêterai demain,
Au pied de l’escalier du souterrain
Quelques pièces préparées dans la main,
Quelques mots qui font du bien
A Réaumur Sébastopol, dans tous les trous des métropoles
Il y a des vies qui se désolent, même sans vapeurs d’alcool
A Réaumur Sébastopol, qu’il s’appelle Pierre ou Paul
La rime est facile, la rime est riche,
Mais pas sa vie, pas lui , tout le monde s’en fiche,
Et sa vie s’enfuit....et la mienne aussi
Cette fois ci c’est certain,
Je m’arrêterai sur son chemin
Quelques mots qui font du bien,
Et si c’était moi qui en avais besoin
Curiosité, conscience ou compassion,
Savoir s’il lui reste force et raison
Savoir ce qu’il lui reste de passion,
Si même son coeur est vagabond
Mais ce matin, ce matin
Réaumur est orphelin
Et moi, je vais reprendre mon train,
Et je ne sens vraiment pas bien
14 juillet 2012
from « Sui Generis »
Lyrics by Monmix